Le Coup d'État du 15 Janvier 1966: Une Journée Fatale pour la Démocratie Nigériane et les Intrigues Ethniques

blog 2024-11-24 0Browse 0
Le Coup d'État du 15 Janvier 1966: Une Journée Fatale pour la Démocratie Nigériane et les Intrigues Ethniques

L’histoire du Nigeria est une mosaïque complexe d’événements marquants qui ont façonné son identité nationale. Parmi ceux-ci, le coup d’État du 15 janvier 1966 se distingue comme un tournant crucial. Ce jour fatidique, mené par un groupe de jeunes officiers militaires principalement Igbo, a plongé le pays dans une profonde crise politique et sociale dont les répercussions se font encore sentir aujourd’hui.

Avant de plonger dans les détails du coup d’État, il est essentiel de comprendre le contexte socio-politique qui l’a engendré. Le Nigeria, fraîchement indépendant en 1960, était un pays aux tensions ethniques latentes. Les trois principaux groupes ethniques – les Hausa-Fulani du Nord, les Yoruba du Sud-Ouest et les Igbo du Sud-Est – se disputaient le pouvoir politique et économique. Cette lutte pour l’hégémonie alimentait une méfiance profonde entre les communautés, créant un climat propice à la violence.

Le gouvernement de Sir Abubakar Tafawa Balewa, le premier Premier ministre nigérian, était accusé de favoritisme envers les régions du Nord. L’apparente marginalisation des Igbo et des autres groupes du Sud alimentait une frustration grandissante. De plus, la corruption endémique et les inégalités économiques exacerbaient les tensions sociales.

C’est dans ce contexte explosif que le coup d’État a éclaté. Mené par le major Chukwuma Kaduna Nzeogwu, un jeune officier Igbo idéaliste, le coup a débuté à l’aube du 15 janvier 1966. Les rebelles ont pris d’assaut les résidences du Premier ministre Tafawa Balewa et de plusieurs hauts fonctionnaires du Nord, les assassinant froidement.

Le pouvoir a été brièvement confié à une junta militaire dirigée par le général Johnson Aguiyi-Ironsi, un Igbo. Ironiquement, ce dernier était connu pour son aversion envers la politique et préférait se concentrer sur ses fonctions militaires.

Cependant, le coup d’État a déclenché une réaction violente dans le Nord du pays. Les Hausa-Fulani ont perçu l’action comme une attaque ciblée contre leur communauté et ont lancé des pogroms meurtriers contre les Igbo résidant dans la région. Des milliers de personnes ont été massacrées dans un bain de sang qui a marqué durablement l’histoire du Nigeria.

Face à cette escalade de violence, Ironsi a tenté de calmer les tensions en annonçant un programme de réformes visant à restructurer le système politique et à promouvoir la justice sociale. Mais ces mesures se sont révélées insuffisantes pour apaiser les rancœurs ethniques qui rongeaient le pays.

Le 29 juillet 1966, une contre-révolution menée par le colonel Yakubu Gowon, un Hausa-Fulani, a renversé Ironsi et l’a exécuté sommairement. Le pouvoir est revenu entre les mains de la communauté du Nord, exacerbant encore les divisions ethniques au sein du pays.

Le coup d’État du 15 janvier 1966 a eu des conséquences profondes sur le Nigeria:

  • Effondrement de la Démocratie: La violence politique et la montée en puissance de l’armée ont inauguré une période turbulente marquée par des coups d’État successifs et une instabilité chronique. Le rêve d’une démocratie parlementaire durable s’est évanoui, laissant place à un régime militaire autoritaire qui a perduré pendant plusieurs décennies.

  • Intensification des Tensions Ethniques: L’événement a ravivé les antagonismes entre les différents groupes ethniques du pays, semant les graines de conflits futurs, notamment la guerre civile de Biafra (1967-1970).

  • Instabilité Économique: La période d’incertitude politique et sociale qui a suivi le coup d’État a freiné le développement économique du Nigeria. Les investissements étrangers ont diminué tandis que les conflits internes ont engendré une instabilité monétaire.

Le coup d’État du 15 janvier 1966 reste un épisode tragique dans l’histoire du Nigeria. Il nous rappelle les dangers de la division ethnique, de la corruption et des ambitions personnelles qui peuvent saper les fondements d’une nation.

Tableau: Les principaux acteurs du coup d’État du 15 Janvier 1966:

Nom Grade Militaire Origine Ethnique
Chukwuma Kaduna Nzeogwu Major Igbo
Johnson Aguiyi-Ironsi Général Igbo
Yakubu Gowon Colonel Hausa-Fulani

L’héritage du 15 janvier 1966 continue de façonner le paysage politique et social du Nigeria. Les efforts pour promouvoir la réconciliation nationale, la justice sociale et une gouvernance démocratique solide restent des défis importants auxquels le pays doit faire face pour assurer un avenir plus stable et prospère.

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